Le génial Géraudel soignait

la toux par un dérivé du goudron.


Il vécut dans la seconde moitié du XIXe siècle. Ménéhildien d'origine, il revint à Menou après avoir conquis son titre de pharmacien et créa une industrie de la pastille.


Si vous toussez ne prenez  que  des  pastilles  Géraudel».

Cette publicité directive et péremptoire était la tête d'une page spéciale du « Journal illustré » du 20 novembre 1847, consacrée aux mérites thérapeutiques des pastilles de goudron.

En cette période de l'année où les toux et la bronchite poussent chez les pharmaciens une clientèle de tout âge, il est logique, à Sainte-Menou, patrie de Géraudel, de rappeler une carrière exemplaire et un succès commercial qui ne le fut pas moins.

Gérard Mourlet, conservateur du musée et Roger Berdold, directeur de l'hôpital, lui consacrent toujours d'efficaces recherches. Quelques documents exhumés projettent un éclat supplémentaire sur une vie qui n'en a pas manqué.


Auguste Arthur Géraudel est né à Bellefontaine le 4 mars 1841.

Son père était souffleur de bouteilles et sa mère sage-femme.

Resté jusqu'à 12 ans à la « communale » locale, il passa deux ans au collège de Sainte-Menehould. De là, et pour ne plus être à charge de sa famille, il passa un peu plus loin à la pharmacie Labrosse, où il demeura quatre ans, sans autre appointement que sa nourriture et son entretien.


Dans sa 18e année, à Metz, successivement dans une «droguerie » et dans une des plus grosses officines de la ville, il parvenait, à force de travail à son titre de pharmacien de 2ème classe.

En 1864, interne des hôpitaux de Paris, il effectua 4 années à la Salpêtrière et à Saint Antoine.

Son dévouement et son zèle lors de l'épidémie de choléra de 1865 lui valurent de la part du ministre de l'Instruction publique un témoignage de reconnaissance lui accordant la gratuité des droits pour achever ses études. Géraudel devenait donc la même année, en 1869, bachelier ès-sciences et pharmacien de 1" classe.


Une Industrie de pointe.


Le fils de l'artisan de Bellefontaine accédait tout seul et par son travail, au parchemin et au titre.

Revenu à Sainte-Menehould peu après, il reprenait l'officine de son premier patron.

Chercheur né, et pour soulager le catarrhe bronchique de sa mère, il fut amené à s'intéresser au médicament préconisé à l'époque, le goudron.


Dans un premier temps, par des procédés chimiques, il le débarrasse des irritants nuisibles à son action. Ainsi épuré il rechercha la forme la plus adaptée à l'utilisation :

l'inhalateur le plus convenable était : la bouche et le goudron utilisé...en pastilles!

Passant du stade expérimental au stade industriel, il fit construire . derrière la mairie son usine considérée à l'époque comme un modèle du genre, avec un rendement de 2 millions de tubes de 72 pastilles par an.

«Cinquante emplois assurés dans un pays où les grandes Industries de ce genre sont rares », écrit le « Journal illustré ».

Les circuits commerciaux étaient assurés par une publicité dynamique, associant la bande dessinée, le slogan, la chanson publicitaire, autant de gadgets très largement utilisés depuis.

Le roi de la réclame connaissait bien le marketing et ses lois.


Débarrassé des soucis matériels, confronté toute sa vie aux problèmes sociaux, il s'intéressa avec dévouement aux œuvres humanitaires : sociétés de secours mutuels, bureaux de bienfaisance, Croix-Rouge, bibliothèque, délégation cantonale.

Reconnaissant envers sa forêt natale qu'il avait tant parcourue dans son enfance scolaire, il aménage et embellit à proximité de la ville le parc dit « de l'Alléval », ouvert à tous, bien connu par la classique carte postale où son buste figure en médaillon.

Quand il mourut en 1906 il bouclait une vie jalonnée d'une triple réussite : scolaire, industrielle et sociale.

Une telle personnalité qui doit son renom à son seul travail est la fierté de la ville. La futaie du bois qui porte toujours son nom saura l'honorer mieux que personne.



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