La thèse se consacrait ensuite à une étude détaillée de la plante, le"papaver somniférum",  entraînant le lecteur dans les descriptions des différentes parties du végétal, dans le jargon botanique approprié.

Suivaient les différentes phases de la culture et de l'extraction du suc telle qu'elle se pratique dans les pays méditerranéens :

" C'est après 20 ou 25 jours , à partir de la fin juin , jusqu'à la Mi-Août, que la capsule, qui succède à la fleur, arrive à parfaite maturité , et permet d'extraire l'opium."

" le moment venu de faire l'incision, l'ouvrier entre dans le champ au point du jour ; et tourné vers l'est, il incise la capsule, à partir de la première extrémité du champ, reculant toujours, pour que le suc qui découle ne soit pas essuyé par ses habits. "

Les effets narcotiques ressentis pendant la récolte étaient connus des personnels :

" Les émanations auxquelles sont soumis les ouvriers pendant cette récolte leur causent un assoupissement et une véritable ivresse, contre laquelle ils ne parviennent à lutter qu'au moyen d'un ognon coupé en deux,qu'ils font séjourner sur leur front, et dont ils respirent l'odeur de temps' en temps. "

Les différentes variétés d'opium étaient importantes à connaître pour un pharmacien, car de leur origine dépendait la teneur en principes actifs, dont la morphine.

Géraudel distinguait ceux en provenance du Levant et ceux de l'Inde. L'opium du Codex était celui de Smyrne. La thèse en faisait une description précise. Dans les caractères organoleptiques, un accent particulier était porté sur l'odeur forte, vireuse, toute spéciale, qui caractérise le bon opium, de même que sur la saveur définie, acre et amère.

Chacun de ses opiums faisait l'objet, à son tour, d'une description particulière avec un rappel de sa teneur en morphine, le coup d'oeil de l'expert restant le moyen privilégié de détermination.

Les falsifications du produit étaient évoquées : Le SALEP, tubercule d'orchidées d'Orient ou d'Europe, mais aussi le jaune d'oeuf, ou l'eau. Il indiquait les procédés susceptibles de les déceler.

Géraudel définissait ensuite le procédé clef de détermination chimique du produit. Outre son odeur sui-généris, il le résumait ainsi :

" L'opium de bonne nature, mélangé à l'eau froide,doit complètement se diviser; son principe actif, se dissoudre, et la partie résinoide se séparer. "

Le mémoire énumère alors la "cuisine" de caractérisation chimique des composants.

La thèse passait alors au chapitre complexe de la composition des produits constituants l'opium : Elle énumérait les nombreux alcaloïdes présents, morphine, codéine, papavérine , méconine , associés à des substances diverses dont des acides , des huiles , une résine, du caoutchouc,

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