de la gomme, du glucose, des sulfates de potasse et de chaux, " une vingtaine de principes divers".

L'étude de la morphine lui donnait, au passage, l'occasion de rappeler que le membre principal de son jury, le professeur BUSSY,avait été le premier à signaler sa présence dans l'opium .

Le travail était consacré ensuite au titrage de la morphine dans le produit, titrage utilisant sa propriété de "précipiter" en présence d'amoniaque. Le précipité lavé et séché était pesé et donnait la teneur recherchée.

Les nombreuses préparations dans lesquelles il était employé appartiennent à l'histoire : la Masse de cynoglosse, la Thériaque, le Mithridate, le Diascordium, qui ont d'après lui, joui d'une réputation telle, que quelques-unes de ces préparations s'effectuaient avec grande pompe, sous les yeux même du chef de l'état !

Les Laudanums bien connus, celui de Sydenham, celui de l'Abbé Rousseau, médecin de Louis XIV, étaient encore en vigueur aux Codex derniers.

Sur l'action physiologique de l'opium, Géraudel, reprenant les indications du produit à l'époque, rappelait son emploi majeur sous toutes ses formes, "pour calmer les douleurs les plus vives,provoquer le sommeil, aider à la guérison de certaines maladies, et surtout, pour servir de palliatif aux maux incurables".

Ainsi définies, les données d'emploi des produits dérivés sont toujours valables de nos jours.

Plus discutable,concernant l'emploi prolongé du produit, Géraudel évoquait un effet comparable à celui du hachisch, " une sorte d'ivresse, si mêlée de charmes, qui tient l'esprit en suspens entre la veille et le sommeil, et, pour ainsi dire, entre la vie et la mort. "

Par contre, la description de l'extase morphinique faite de sa main et non retranscrite d'un auteur, est parfaitement en harmonie avec toutes celles qui ont traité du sujet :

"C'est le moment singulier où les sens et les facultés intellectuelles, prenant un développement inaccoutumé, atteignent le point le plus élevé du possible; ce moment ou, quittant la réalité pour le rêve, l'homme semble emporté par un essor divin.

Là, toute souffrance s'éteint, tout'souvenir douloureux s'efface, la satisfaction la plus complète, le bonheur céleste est atteint : c'est l'hallucination, c 'est l'extase!"

Le paragraphe toxicologique suit immédiatement, rappelant à bon escient l'accoutumance au toxique et ses conséquences gravissimes :

"Et le malheureux fumeur ou mangeur d'opium arrive à un état presque complet d'idiotisme, qui dure jusqu'à ce qu'une nouvelle dose de ce poison l'en fasse sortir."



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